Les communs numériques, graines de transition et de souveraineté


Les temps de crise révèlent des initiatives qui ouvrent la voie à la résilience. Pendant la pandémie de Covid-19, ce sont des ingénieurs bénévoles qui, en 2020, ont développé sous logiciel libre le site d’informations CovidTracker, puis l’application de localisation des vaccins Vitemadose un an plus tard. Dans le même temps, le réseau des fab lab, ces tiers-lieux participatifs, répondait aux appels à l’aide des soignants en fabriquant et en distribuant localement des milliers de visières et de respirateurs grâce à des plans sous licence Creative Commons – un outil qui permet aux créateurs de laisser, à certaines conditions, le public copier leurs œuvres, les modifier ou les utiliser pour en faire autre chose.

L’urgence a mis en évidence la pertinence des valeurs d’ouverture et de coorganisation des communs numériques en temps de crise. Mais que recouvre exactement cette idée, au cœur même de l’histoire du Web et de l’Internet ? Les communs numériques sont des ressources partagées et accessibles en ligne, coproduites et maintenues collectivement par des communautés qui en définissent elles-mêmes les droits d’usage.

De l’encyclopédie Wikipédia à la base de données cartographiques OpenStreetMap en passant par l’emblématique système d’exploitation libre Linux, leader dans la plupart des serveurs qui font tourner les grands services du Web, ces communs sont devenus incontournables et ont prouvé l’efficacité du modèle ouvert et coopératif. « Nous avons beaucoup à gagner avec les solutions à code source ouvert », une approche qui permet « de faire baisser les coûts pour la société » et de « renforcer la sécurité », estimait en 2021 Johannes Hahn, le commissaire chargé du budget et de l’administration à la Commission européenne. D’autant que les ressources ouvertes peuvent contribuer « fortement aux enjeux d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques », souligne de son côté l’Agence de la transition écologique.

Initiatives fragiles

Pourtant, ces initiatives restent aussi fragiles. Les communs numériques ne tiennent souvent dans la durée que grâce à la bonne volonté de militants qui s’épuisent. Depuis quelques années, une réflexion s’est engagée au sein de l’Etat pour les soutenir. La direction interministérielle du numérique accompagne au sein de son « accélérateur d’initiatives citoyennes » des projets de communs numériques d’intérêt général, comme la base de données de produits alimentaires « créée par tous et pour tous » Open Food Facts, ou le système de détection précoce des feux de forêt grâce à l’intelligence artificielle, mis au point par l’association Pyronear.

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Catégorie article Politique

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